2015 Vanuatu, Espiritu Santo, Port Olry

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Parfois, nous avons de grands projets et ... d’un coups ... il n’en reste rien. Et au contraire, il se passe quelque chose d'imprévu et peut-être encore plus intéressant. D’Ambrym à Port Olry, sur l'île Espiritu Santo, j'ai voyagé avec un plan clair, préparé pendant une moitié d’année. Je devais y rencontrer mon ami local Jeff et quelque autre homme du village. Nous avions prévu une marche pendant plusieurs jours à travers la jungle et les montagnes au-delà du Big Bay dans la partie ouest de l'île. La famille de Jeff y vive dans un village difficile à atteindre, toujours en suivant les anciennes manières dans les cases de bambou, vêtus seulement en jupes d'herbe et les « nambas ». Unes de rares personnes qui vivent encore suivant leur propre chemin. Et nous allions leur rendre visite.
J'atterris à Luganville. Personne ne m’attend sur l'aéroport. Je voyage à Port Olry par mes propres moyens et j‘apprends que Jeff a dû prendre un bateau pour l'île de Tanna. Tout à coup, il ne reste rien de nos plans pour passer les fêtes de Noël et le janvier au coeur de la brousse. Je me trouve un logement chez mon vieil ami, un missionnaire italien père Morlini et je réfléchis quoi faire de ce mois que j'ai ici. Je passe le Noël et le Nouvel An en aidant à la mission. Le père Morlini est un homme courageux, mais les années du service pour la mission pèsent lourdement sur lui. Pour quelques jours, je deviens sa main droite, voire même ses deux mains, pour un tas de réparations nécessaires.
Le deuxième jour de janvier un speedboat atteint le rivage de la mission. Il vient de l'autre bout de la Big Bay, de l‘annexe catholique de Pesena. Avec son gaillard "capitaine", je m'arrange pour l'accompagner à son retour pour passer au moins une nuit à Pesena. Après quelques heures de navigation, nous voyons enfin une chaîne de montagnes monter de la mer en face de nous. C‘est la plus grande des deux péninsules du Big Bay. Le soleil du soir brille à travers les nuages épars et un sentiment d'aventure pure émane de ces collines couvertes de jungle en face de nous. Nous débarquons sur une plage rocheuse et je fais rapidement connaissance avec le chef de ce petit village. L'un des premiers bâtiments que je vois à partir de la plage est une église catholique. Vu son style architectural, c‘est clairement un des travaux de père Sacco, qui a aussi servi pendant des années sur "ma“ mission sur Tanna. Immédiatement, je me sens plus "chez moi“. Je rencontre les hommes au nakamal. Le type local du kava, le "boroko", est servi et je fais connaissance avec les célèbres pipes fabriqués localement à partir de la pierre de rivière et du tabac fait maison. Nous partageons sur beaucoup de choses longtemps dans la nuit et je me rends compte que ce n’est pas qu’une seule nuit, que je vais passer ici.
Les jours suivants sont remplis des promenades dans la jungle, les plongées dans la rivière, promenades à cheval, et les soirées interminables au nakamal autour du kava en écoutant les légendes locales. Au village, je trouve même un voisin très peu probable. Un jeune homme de Tanna, qui a trouvé qui sait comment son chemin vers ce coin reculé de l'archipel. À sa grande surprise, je m’adresse à lui dans sa propre langue et explique que cela fait deux ans que je vis sur son île natale.
Le temps empire. Prendre un bateau pour traverser le Big Bay vers Port Olry est impossible. Au lieu de cela, je prends un speedboat et suis la côte vers le sud, vers une station missionnaire encore plus éloignée à Tolomako. Nous y apportons quelque provision, entre autres une demi-bouteille de vin de messe. Père Lino, un prêtre tongien toujours souriant qui sert à Tolomako n'en a plus une seule goutte et en plaisantant il menace qu'il servira désormais la sainte messe avec le kava. Depuis le temps de fondation de la mission son accessibilité n’a pas trop amélioré. C‘est toujours une des plus éloignées. Les quelques jours suivants je passe avec le père Lino et avec les habitants locaux. Les seuls bâtiments durs ici sont l'école et le bâtiment de la mission, qui date seulement de la dernière année. Jusque-là, les missionnaires vivaient dans une cabane en bambou. La vie écoule ici calme et lente, aujourd'hui comme jadis.
Il est temps de revenir à la civilisation. Cependant, la mer est très mauvaise ces derniers jours. À l'autre côté de la baie, on dit, les vagues sont "aussi grandes que les maisons". Et nous ne pouvons pas non plus suivre le rivage en marchant. Impossible de passer la rivière débordante de Jourdain et certaines autres. Nous attendons un autre jour, puis nous partons enfin en un petit bateau à moteur suivant la côte. La mer empire rapidement. Près de Matantas, nous sommes attaqués par les vagues de plusieurs mètres si gravement que nous avons des problèmes même de nous approcher à la plage. Au milieu de tout ce désordre le moteur du bateau découpe. Notre «capitaine» l’ouvre rapidement et tripote dans ses entrailles. Le bateau se tourne le long des vagues et une par une, elles sont sur le point de le faire rouler. Heureusement, une autre speedboat apparaît près de nous et après quelques tentatives infructueuses nous arrivons à joindre les deux bateaux avec une corde pour que l'on puisse nous tirer et remettre contre les vagues. Après quelques minutes interminables notre «capitaine» parvient à relancer le moteur et nous nous approchons avec prudence vers la plage. Les vagues s’y brisent dangereusement, menaçant d’inonder notre petit bateau. Nous sommes prêts à sauter et de nager vers le rivage pour nous sauver malgré la mer déchaînée. Enfin dans un espace entre deux vagues notre «capitaine» parvient à conduire le bateau vers l'eau peu profonde et nous le tirons, totalement trempés, hors de la mer, avant que la prochaine vague ne le fasse couler complètement. Sur la rive, nous collectons nos affaires trempées et essayons de sauver et de sécher ce que nous pouvons. Quelques heures plus tard à Port Olry, je prends la première vraie douche dans de nombreux jours et je lave de moi le sel de mer. Les aventures imprévues sont en effet les meilleures.
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