Centre brousse, Tanna, Vanuatu
Centre brousse, Tanna, Vanuatu

Vanuatu est un archipel situé entre la Nouvelle-Calédonie et les Fidji, à environ 1 600 km de la côte australienne. Environ quatre-vingts îles sont habitées et les habitants parlent plus d’une centaine de langues indigènes. Un grand nombre de langues signifie un grand nombre de coutumes, de traditions et de modes de vie différents. Et comme une grande partie de la population vit dans des villages de manière traditionnelle, c’est un monde très différent du nôtre.

Je suis partie au Vanuatu fin 2008, alors que je vivais encore à Wallis. Je n’avais que quelques contacts avec des missions sur différentes îles et un mois pour voir à quoi ressemblait le Vanuatu. J’ai passé environ une semaine à Efate, l’île principale du pays. Plus précisément, je suis allé à Montmartre et à Lololima, deux écoles missionnaires situées à quelques kilomètres de Port Vila… et c’est plutôt dans la brousse. Surtout Lololima… la forêt tropicale à votre porte, des chutes d’eau bleu azur incroyablement belles cachées dans la jungle à seulement une centaine de mètres de la mission. Une rivière qui coule pleine de crevettes, et je ne mangerai probablement jamais de crevettes plus fraîches que celles que j’ai mangées là-bas. J’ai passé mon temps là-bas avec une douzaine de garçons de mon âge venus de tout le Vanuatu et qui se préparaient à entrer au séminaire. Serait-ce le paradis sur terre ? Peut-être… en tout cas, nous mangions tous les jours la même chose : du manioc et des papayes bouillis… et des médicaments contre la malaria. Mais cela fait partie du territoire. De Lololima, je suis retournée à la “civilisation” à Montmartre. C’était très amusant avec les Frères du Sacré-Cœur qui dirigent une école missionnaire là-bas. L’un d’eux m’a emmené faire le tour de l’île. En voiture, bien sûr. On ne peut pas faire le tour d’Efate en une journée comme on peut le faire sur l’île de Wallis. Le samedi soir est consacré à une “soirée” autour du kava. Je l’admets sans réserve : Le kava du Vanuatu est le meilleur.

Pendant une dizaine de jours, je me suis rendu sur l’île de Tanna, à la mission de Lowanatom. Ici, nous sommes le dernier avant-poste de l’électrification, donc heureusement nous avons l’électricité, mais ce qui est encore mieux, c’est qu’à une cinquantaine de mètres de nos portes, nous avons un récif corallien tropical… et Frère Antonio est un guide qui connaît parfaitement ses secrets. La nourriture est un peu plus variée qu’à Lololima, mais les cendres du volcan local y tombent. Le mont Yassur s’annonce à l’autre bout de l’île. Un jour, je l’ai visité. Une vue spectaculaire. Le lendemain, nous sommes allés avec Frère Antonio aux missions de Lamlu et Imaru au centre de l’île, la “brousse du milieu”. Il faut marcher dans la forêt tropicale sur de minuscules sentiers, à travers des villages de bambous. Nous marchons pieds nus, c’est vraiment mieux qu’avec des chaussures. Sensation étrange… comme si le temps s’était arrêté. Le temps… à l’époque, je ne pouvais même pas imaginer que dans cinq ans, je serais de retour dans cette mission, travaillant comme professeur d’informatique avec les enfants de la région. La vie est pleine de surprises, n’est-ce pas ?

La dernière île de mon voyage au Vanuatu était Espiritu Santo. J’ai été accueilli par les Sœurs Maristes (SMSM) dans l’école de Saint Michele, non loin de Luganvile. A cette occasion j’ai visité Fanafo, le village de Jimmy Stevens au centre de l’île. Même après toutes ces années, son drapeau y flotte toujours et les garçons se promènent fièrement avec rien d’autre que leurs nambas. Nous voici dans la “brousse”, la jungle, comme on l’appelle ici. Juste pour le plaisir, je me suis laissé convaincre d’aller plonger à Million Dollar Beach, où les Américains, pendant la guerre, ont accidentellement créé un récif artificiel à partir d’équipements militaires jetés à la mer. Joli spectacle avec tous les poissons coralliens. Sur la plage, je me suis accidentellement coupé l’orteil avec un bout de ferraille militaire … apparemment les armes américaines sont toujours dangereuses après soixante ans. Heureusement, l’une des nonnes est médecin et me recolle l’orteil. Après une semaine passée avec les sœurs, c’est le cœur lourd que je leur dis au revoir… et c’est aussi un adieu à tout le Vanuatu. Certaines des amitiés que j’ai nouées ici dureront des années et influenceront ma vie future.